Sinon cette semaine, je vais partir sur une thématique « Revolution Girl Style Now! » (pour reprendre le titre d'un album des Bikini Kill) en faisant un tour (très incomplet et hyper subjectif) de (groupes ayant des) batteuses.Et on va commencer la semaine avec un détour obligatoire par le mouvement riot grrrl, important dans l'histoire moderne de la musique et du féminisme : proche du hardcore/punk et du grunge (tant musicalement que géographiquement à leurs débuts), hyper-militant et encourageant les femmes à prendre les instruments, le devant de la scène et des salles de concert (au cri de raliement « girls to the front! » (que ma fille a brodé sur un de ses vêtements, oui oui)). Je ne vais pas m'épancher plus longtemps, mais il y a un très bon documentaire d'arte sur le sujet et je peux vous filer des (références de) livres dessus aussi si vous voulez.Bref, et un des groupes les plus iconiques des débuts du mouvement sont les Bikini Kill sus-mentionnées, avec en particulier Kathleen Hanna (que certain⋅e⋅s connaissent peut-être plus récemment avec le Tigre). Derrière les fûts, on retrouve Tobi Vail. C'est rentre-dedans, c'est punk, c'est bordélique, et c'est complètement culte, surtout Rebel Girl (qu'on a envie de chanter à tue-tête, non ?). Et ça tombe bien, le titre s'ouvre sur une (courte) intro à la batterie :

https://bikinikill.bandcamp.com/track/rebel-girl-3

(Le docu d'Arte : https://www.youtube.com/watch?v=frGJF6joJnI)

Un groupe incontournable aujourd'hui : Godspeed You! Black Emperor, de Montreal, né dans la deuxième moitié des années 1990. Ils font partie des groupes les plus éminents du post-rock, avec leur musique quand même bien à part, aux frontières de la musique de chambre moderne (avec la présence de cordes), de la musique concrète (beaucoup de fields recording, surtout dans la première moitié de leur existence) et du drone (partout, tout le temps, et surtout en concert, avec le mythique Hope Drone qui ouvre tous leurs sets ou presque). Le tout avec une éthique et un ethos aussi bien particulier (le groupe comme entité au sein de laquelle se dissolvent les personnalités, l'importance de la communauté (ils ont leur salle de concert/de répèt/studio/lieu-à-tout-faire ouvert pour tout une partie de la scène montréalaise)). Bref, Godspeed You! Black Emperor, Piss Crowns are Trebbled sur Asunder Sweet and Other Distress (je suis gentil, j'ai choisi un morceau court, sur certains de leurs albums rien ne fait moins de 20 min) :

https://godspeedyoublackemperor.bandcamp.com/track/piss-crowns-are-trebled

Toute leur discographie est incontournable (ils sont assez bien placé⋅e⋅s dans mon panthéon personnel, si jamais ce n'était pas clair).

Un peu de douceur aujourd'hui pour contrebalancer le début de semaine avec Shearwater, le plus anglais des groupes de rock texans ; à la base side project de membres d'Okkervil River (bientôt sur vos écrans également !) devenu projet principal de Jonathan Meiburg qui a une voix impressionnante. La triologie Islands vaut plus que le coup, et en particulier l'album Rook, petite pepite dont est issue the Snow Leopard, ici en live :

https://www.youtube.com/watch?v=lN235FNzOK0

Sinon pour aujourd'hui un petit tour du côté de Lyon avec un groupe (malheureusement disparu) qui produisiait une sorte de noise aux relents dub/électroniques, avec un bon gros délire sur la fin de la civilisation et la Mésopotamie. Difficile de choisir un titre dans le bloc d'Assyrian Vertigo, mais Ziggurat (qui s'enchaîne après Eau) en ouverture de l'album vaut le coup d'oreille (tant qu'à faire, laissez-vous emporter par la playlist) :

https://www.youtube.com/watch?v=3V_WuuhH6jY&list=PLyTuOU_MBI49WGiTcsBknnxoMuStS1e2_&index=2

Pour commencer la semaine en douceur (ou pas), un peu de post-hardcore/screamo (en tout cas dans leurs jeunes années, maintenant ils font un truc un peu plus cool & plus post-rock + spoken word que hardcore/screamo) avec la Dispute. Ils font partie de cette poignée de groupes (avec Defeater ou Touché Amoré) qui ont dépoussiéré le hardcore/post-hardcore à tendance emotionnelle (de l'emo quoi, si le terme n'était pas si connoté) dans les années 2000 pour en faire à nouveau quelque chose d'intéressant (autant musicalement qu'au niveau des textes). Leur premier album (dont est issu ce titre) est assez énorme et se finit (presque, il y a encore un petit titre en outro) sur ce monument d'intensité qu'est The Last Lost Continent. Morceau assez inhabituel (très long pour un truc hardcore-like, avec des mouvements et de belles progressions ; cette montée à partir de 7:50 avec le riff qui se déploie petit à petit...), qui détourne en partie certains codes du hardcore (les chœurs en mode tough-guy avec des paroles sensibles), le tout pour parler de dépression, de communauté et de soutien. La Dispute, The Last Lost Continent :

https://www.youtube.com/watch?v=-TIft4B81Pg

Il y a quelques titres que je peux très littéralement écouter en boucle pendant des heures, en voici un (No More Bad Future de HangedUp que j'ai déjà posté en fait aussi partie).

Vendredi, tout est permis : le groupe de métal préféré de Lady Gaga (bon, peut être pas, mais en tout cas un groupe qu'elle a soutenu, et pour l'anecdote c'est par un post sur les réseaux sociaux d'un autre goupe que je suivais, montrant une photo avec Lazer/Wulf et Lady Gaga, que je les ai découverts (avec un bon gros WTF)). Du métal un peu prog, un peu avant-gardiste, avec des vrais morceaux de math rock et de jazz dedans (en gros c'est le bordel et ça change de tempo tout le temps, mais c'est cool) ; ils se sont même piqués de sortir un album palindrome (en vrai j'ai pas pu vérifier parce que je ne me suis pas amusé à bidouiller ma platine pour le passer à l'envers, mais OK). Bref, Lazer/Wulf (rien que le nom est WTF comme il faut), Who Were the Mound Builder :

https://lazerwulf.bandcamp.com/track/who-were-the-mound-builders-demo

Bon, ça manque un peu de rap par ici ! Du coup un petit coup de Zone Libre, collab' entre un groupe noise rock (avec Teyssot-Gay (ex-Noir Désir) à la six cordes) et Casey (Anfalsh) & Hamé (la Rumeur) sur le premier album ; musicalement c'est très bon, et on n'est pas en reste côté paroles avec deux artistes hyper engagé⋅e⋅s (discrimination, rascisme, pauvreté, etc.) et aux plumes acérées. Purger ma Peine, sur l'Angle Mort :

https://www.youtube.com/watch?v=FCp2i7IDcuM

Sur le même album, je conseille ultra-chaudement les Mains Noires (qui s'ouvre sur un sample d'Aimé Césaire) et la Chanson du Mort Vivant, sorte d'anti-ego trip avec une construction sans refrain, un peu à la Demain C'est Loin d'IAM.

Pour commencer la semaine, un peu de cabaret-punk (!) avec les Dresden Dolls, un duo piano/batterie actif dans les années 2000, un pied dans le théâtre de Brecht, dans un esprit punk limite goth (mais plus canal historique à la Siouxsie (keupon, disais-je) qu'en mode « je suis dark & j'ai mal à la vie »). Half-Jack est tiré de leur premier album (leur meilleur, absolument rien à jeter) ; en voici la version live (quasiment le double de la version sur album, parce qu'en live ils improvisaient pas mal et se faisaient plaisir) :

https://www.youtube.com/watch?v=3barCgWQpxA

Je vous conseille donc chaudement l'écoute de tout l'album (Girl Anachronism, Coin Operated Boy, etc.) ; le live vaut le coup également (la reprise de War Pigs est géniale), le reste de leur discographie vaut bien sûr le détour, ainsi que tout ce qu'a fait Amanda Palmer post-Dresden Dolls.

Bon, après pas mal de tergiversations, vous aurez le droit à Respire aujourd'hui, qui ont sorti à la fin de l'année leur nouvel album. Respire, c'est un peu comme si Godspeed You! Black Emperor (pour le post-rock expé classieux à cordes + la philosophie globale et l'importance du collectif), Deafheaven (pour le blackgaze) et Envy (pour le post-hardcore/screamo) s'étaient mis à jammer ensemble. Un de mes albums de l'année !

https://www.youtube.com/watch?v=bT6gWcleUac

Pour celles et ceux que le chant gutural fait fuir, il faut tenir jusqu'à 1:05.

Après une petite pause, je continue avec Kaki King dont voilà Pull Me Out Alive sur l'album Dreaming of Revenge qui vaut le coup d'oreille :

https://kakiking.bandcamp.com/track/pull-me-out-alive

Et Kaki King sait tout faire, en live elle est capable de jouer ses morceaux toute seule à coup d'overdub.